23 mai 2025
Elles et ils ont divers âges, diverses origines, et des besoins différents. Diagnostiqués séropositifs, la quinzaine de résidents du foyer Henri Dunant, un ensemble de deux immeubles gérés par le service HIV Berodung de la Croix-Rouge luxembourgeoise, partagent bien plus que leur palier.
« Nous accueillons ici des personnes séropositives vulnérables et en précarité médicale » explique Laurence Mortier, la responsable du service HIV Berodung.
En cause, les besoins spécifiques qui alourdissent leur quotidien. « Il faut rappeler qu’on peut très bien vivre avec le VIH », poursuit Laurence, « mais ici nous hébergeons des personnes le plus souvent sans logement, qui ont des difficultés à prendre leur traitement contre le VIH et qui souffrent très souvent d’autres problèmes, par exemple d’addictologie ou d’un isolement extrême ».
« Nous mettons en place des contrats d’accompagnement individuels » poursuit Laurence Mortier, la responsable du service, avec un projet pour chaque locataire, qui cible tout d’abord la prise de traitement et le suivi médical. La première mission du Foyer Henri Dunant est d’améliorer la santé des résidents, en les motivant à en prendre soin. Les locataires bénéficient d’une chambre meublée avec un accès à la cuisine ainsi qu’à une salle de bains. Surtout, ils obtiennent la chance de pouvoir évoluer dans un environnement bienveillant et de non-jugement.
« Sans cet hébergement, je ne sais pas ce que je ferais » confirme Christian*, qui a fait plusieurs séjours au Patton au cours des dernières années. « J’étais à la rue, j’ai tenté plusieurs fois de me suicider ». Les difficultés s’accumulent et pour s’en sortir, un lieu comme le foyer Henri Dunant est essentiel.
Dès que la porte d’entrée est franchie, le sourire de Domenica accueille les visiteurs, qu’ils habitent ici, qu’il s’agisse d’externes venant à leur rendez-vous, avec un.e des assistant.e.s sociaux, avec un.e psychologue, ou encore pour se faire dépister.
Domenica oriente, informe. Une éducatrice du foyer vient ensuite présenter les lieux.
Une infirmerie permet aux personnes séropositives de récupérer leur traitement, qui doit être pris « chaque jour, à la même heure » informe Laetitia, l’infirmière référente du foyer.
En cas de blessure ou de problème de santé, une permanence est aussi assurée.
« Le quotidien que vivent les personnes séropositives est encore de nos jours très compliqué » témoigne Constance, psychologue au service. « Elles sont stigmatisées, par des personnes qui n’osent pas les toucher, ou qui les culpabilisent ». Spécialistes en infectiologie, les trois psychologues du service HIV Berodung aident les personnes suivies à mobiliser leurs ressources pour une meilleure santé mentale et à accepter leur infection afin de prendre leur traitement correctement.
En plus des psychologues, ce sont les assistant.e.s sociaux qui soutiennent les locataires du Patton. « Chaque personne a un référent, qui va l’aider à reprendre le contrôle sur son quotidien : pour aller à des rendez-vous administratifs, avoir accès aux droits sociaux, pour rechercher un travail ou un logement à eux » continue la responsable.
Surtout, l’entraide permet de se sentir moins seul. « Nous cuisinons ensemble, nous avons aussi, chaque semaine, des réunions au cours desquelles nous évoquons les points à régler pour la cohabitation » explique André, résident qui en est à son 3ème séjour au foyer Henri Dunant. Ici, les avancées des uns donnent de l’espoir aux autres pour s’en sortir.
*le prénom a été modifié